Les Ravisseurs
"Les ravisseurs sont légion autour des lecteurs. Ce sont tous ces livres découverts au fil des ans avec lesquels se nouent des liens d'étroite proximité. On leur doit l'expérience de la fascination, qui est une sorte de rapt, une façon de prendre possession de nous avec ou sans notre consentement. Ceux dont il est question dans ce volume m'ont ravi le coeur. Je les garde à portée de main, car ils ont pris une place durable dans ma vie sans jamais rien perdre de ce qui m'a saisi en première lecture. J'ai beau sans cesse les relire, c'est toujours la première fois. Leurs auteurs, je les ai rencontrés sur le terrain de l'amitié. J'aurais d'ailleurs pu intituler ces pages L'Amitié si Maurice Blanchot n'en avait pas eu l'idée bien avant moi. Ainsi apparaissent quelques grands noms de la poésie de la seconde moitié du 20ème siècle. En particulier, ceux regroupés autour de la revue L'Ephémère, publiée de 1967 à 1972 par la Fondation Maeght. Avec eux, Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts et, plus tard, Pascal Quignard (on voit que je prends le mot « poésie » au sens le plus large), je me suis à proprement parler « constitué ». La partie centrale évoque Anne-Marie Albiach et Claude Royet Journoud, deux figures emblématiques de la poésie des années 70, qui ont bouleversé, au début de ces années-là, ma lecture et ma pratique de la poésie. La troisième partie réunit des auteurs qui ne se ressemblent en rien, rencontrés isolément, et dont l'intensité de la présence et de l'écriture a alimenté mes réserves d'énergie. Certains sont trop méconnus aujourd'hui, tels Jean Tortel et Danielle Mémoire, malgré une oeuvre dont l'importance n'est plus à démontrer ; d'autres ont été repérés depuis longtemps par des passionnés de littérature : Henri Thomas, Michel Deguy, Antonio Tabucchi, Michel Cournot, Jacqueline Risset."
A.V.