Il y a longtemps que je mens
Hariri, Khadafi, Assad ; à 20 ans, Alexandre Brandy s'est tour à tour présenté comme leur neveu dans de prestigieuses agences immobilières pour se faire traiter comme un prince et visiter les plus belles propriétés de la capitale. Jusqu'à s'en lasser et décider un jour de braquer l'un de ces hôtels particuliers en y enfermant l'agent immobilier et sa propriétaire pour lui dérober ses bijoux avant d'aller attendre sagement son arrestation chez sa mère, à Chantilly. Pour autant, Alexandre ne se considère pas comme un voleur mais comme un joueur, un enfant nostalgique des jeux d'indiens et de cowboys. Un jeune homme qui, pour se faire un nom, a eu besoin de ceux des autres, et pour exister, de se faire arrêter, lui, le fils de militaire. Alexandre Brandy est surtout un auteur qui a pensé ce jeu de dupes pour mieux faire résonner la formule Rimbaldienne : Je est un autre.
De son premier mensonge à son incarcération à la prison de Fleury-Mérogis, il livre ici ses confessions dans un récit stupéfiant, hybride et inclassable. Construit comme un puzzle dévoilant progressivement le visage de l'auteur, il entrecoupe son récit de scènes de son enfance, d'épisodes de notre Histoire nationale ou de références littéraires qui sont autant de clés pour percer sa personnalité et comprendre ses méfaits. Ainsi y croise-t-on, parmi les policiers, les prisonniers et les agents immobiliers, Proust, Dostoïevski, Napoléon, Baudelaire, et lit-on à la fois un témoignage passionnant et un premier roman atypique où fiction et réel se mêlent et se répondent.