Si les dieux incendiaient le monde
Le roman s'ouvre sur Jean, un homme âgé et souffrant, qui entend à la radio que sa fille, Albane, qu'il n'a pas revue depuis quinze ans mais dont il suit la carrière de pianiste, jouera bientôt à Barcelone. Il décide de s'y rendre et part sans prévenir son autre fille, Clélia. Le deuxième chapitre suit celle-ci dans un taxi. Elle vient de quitter son amant, songe à ses filles qui attendent son retour, à son travail en Ethiopie où les températures n'en finissent pas de grimper, puis soudain à sa soeur, devenue une star mondiale après avoir vécu dans la rue, Albane à qui elle a volé Yvan, son mari, quinze ans auparavant. Elle apprend que son père est allé la voir, part le rejoindre. Le chapitre trois présente Yvan, seul avec ses filles et le souvenir de la femme qu'il a jadis aimée et qu'il verra ce soir, à la télévision, jouer au Palau de la Musica. Viennent ensuite Katia, l'aînée d'Yvan et de Clélia, puis Albane, enfin, qui se prépare à monter sur scène. De chapitre en chapitre, la voix narrative qui suit chacun des personnages se précise, prend un nom et une identité. On comprend que c'est Mona, l'épouse de Jean, mère de Clélia et Albane, morte noyée dans un lac des années auparavant, qui raconte les membres de sa famille. Cinq personnages racontés par un dernier, omniscient, cinq chapitres qui tous convergent vers l'ultime sixième, le concert, où Mona parlera une dernière fois entre les notes de l'opus 111 de Beethoven pour rassembler ceux qu'elle a aimés, avant que les dieux n'incendient le monde.
Magistral, ce premier roman est un coup de tonnerre littéraire, une épopée où d'une seule voix, le destin d'une famille est retracé avant d'être à nouveau bouleversé, et dans lequel on entend résonner, en creux, la rumeur de notre humanité hantée par la fin du monde, déchirée, appelée à se réunir pour survivre.