L'Homme invisible
Publié pour la première en français en 1952 sous le titre Homme invisible, pour qui chantes-tu ?, L’Homme invisible (son titre original) est un classique moderne de la littérature du XXe siècle. Dans ce récit d’inspiration autobiographique écrit à la première personne, un jeune Noir pauvre du sud des Etats-Unis travaille dur pour s’extraire de sa condition. Les efforts payent : il est reçu à l’Université. C’est pour en être bientôt exclu, accusé d’une faute qu’il n’a pas commise. Bouleversé par cette injustice, il part pour New York. Dans le quartier de Harlem, il mène une existence misérable, survit en travaillant dans une usine de peinture. Témoin de l’expulsion d’un couple noir de son logement, il harangue la foule en pleine rue pour provoquer une révolte. Ce coup d’éclat lui vaut d’être repéré par une organisation politique, la Confrérie. L’objectif de cette association d’inspiration marxiste est de promouvoir l’égalité sociale et raciale. Enthousiaste, le narrateur en devient un des meneurs avant de se rendre compte qu’il n’est qu’un faire-valoir. Le parti est en fait dirigé de façon autoritaire par des Blancs supposés libéraux. Dégoûté par l’espèce humaine, revenu de toutes ses illusions, il abandonne ses fonctions au sein de la Confrérie, renonce à toute forme d’ambition et se retire.
Fresque d’un pays déchiré par la violence économique et raciale, L’Homme invisible est aussi une réflexion subtile et désenchantée sur la part de mensonge que dissimule le rêve américain. Un témoignage essentiel sur la condition des Noirs avant la conquête des droits civils, le grand roman de la migration des Noirs du Sud vers le Nord. Il a marqué toutes les générations suivantes d’auteurs noirs américains, comme Toni Morrison.