La mémoire de nos rêves
Simon, la trentaine, prof en banlieue parisienne, reçoit un appel de la morgue. Franck Aubert est mort, il faut identifier le corps. Vingt ans d’une amitié étrange défilent soudain : celle qui, depuis l’enfance, l’aura tenu lié à ce gamin frondeur, demi-gitan et orphelin de père devenu délinquant puis caïd. Franck, auquel tout l’opposait, lui, le fils de médecin à l’avenir serein. En même temps que remontent les souvenirs, reviennent les sentiments. Notamment ceux qu’il garde pour Clarisse, son premier amour et ultime pièce de cet impossible trio amical. Les funérailles de Franck lui permettent de la revoir. Ensemble, ils partent dans le centre de la France prévenir la fille et l’ex-compagne de leur ami. Un voyage au cœur de leur mémoire et des rêves qu’ils avaient.
Admirablement construit, ce premier roman nous emporte dans les couloirs du temps. Dès l’ouverture, le récit au présent alterne avec des scènes du passé, rendues, comme la mémoire le fait, de manière aléatoire. Les chapitres nous font aller et venir d’une époque à une autre et de leurs souvenirs communs et ceux propres à chacun. On traverse ainsi vingt ans d’une amitié faite de loyautés secrètes, d’espoirs et de malentendus. Et trois destins que seul l’amour pouvait lier. Avec un réalisme, une maîtrise et un style stupéfiants de maturité, Quentin Charrier déroule leurs vies pour montrer à la fois la force des déterminismes sociaux et celle des sentiments puissants. Un texte d’une justesse et d’un talent rares.