Le crépuscule de la démocratie
"Tout a toujours très mal marché." C'est la leçon que Péguy avait tirée de l'histoire. En observant que tout va mal, nous n'avons donc aucune raison de nous lamenter. C'est la preuve que tout va aussi bien que jamais. Dans ce court essai, Nicolas Grimaldi dresse un constat de la situation politique contemporaine. Ni critique, ni polémique, c'est un état des lieux. Qu'en est-il de ce qui nous tient lieu de démocratie ? Dans un aussi vaste pays que le nôtre, il va de soi que la volonté populaire ne peut être que déléguée. Son expression se résume donc à ce qu'en manifestent ses représentants. Tout e la vie politique se réduit par conséquent au mode de leur désignation, à leur capacité d'instruire les problèmes de la nation, et à l'indépendance de leur jugement par rapport aux initiatives du gouvernement.
Or que représentent aujourd'hui ceux qu'une ancienne coutume nous fait encore désigner comme "les représentants du peuple" ? Les plus audacieux représentent ceux qui les ont élus. Les plus disciplinés représentent leur parti. Lorsqu'ils appartiennent à la majorité, la voix de leur parti est celle du gouvernement. Mais comme leur investiture dépend de quelques caciques du parti, ils représentent dans le parti la tendance de ces barons. Autant reconnaître, par conséquent, que ces régimes parlementaires n'ont quasiment plus rien ni de démocratique ni de républicain. Aussi ne peut-on se retenir d'en poser aujourd'hui la question : la démocratie n'est-elle pas chose trop précieuse et trop importante pour être abandonnée à ses représentants ?