Tu t'appelais Maria Schneider
« Tout est contenu dans une petite pochette rouge cartonnée. Il y a là des photos de toi, des interviews, les dossiers de presse de tes films. J’ai six ans, huit ans, dix ans, douze ans et je collectionne tout ce qui te concerne avec une application maniaque. Je découpe les articles où ton nom apparaît à l’aide de ciseaux à bouts ronds. J'ai décoré l'enveloppe renfermant mon butin avec des paillettes multicolores et des étoiles phosphorescentes. Au milieu j'y ai apposé un cliché te représentant en noir et blanc imprimé sur du papier journal de mauvaise qualité. Tu y arbores des joues rondes et un sourire éclatant que je ne t'ai jamais connu. Je l'ai recouvert de scotch pour le protéger du temps et tenter, sans doute, de t’épargner les salissures de la vie…. »
La petite fille admirative est devenue journaliste au Monde et auteure. Sa cousine Maria Schneider a fini par s’éteindre en 2011, malade, épuisée par la vie, les rôles, les amours, la drogue. Rendue célèbre et broyée tout à la fois par un film mythique, Le Dernier Tango à Paris, qui raconte un huis-clos de violence et de sexe entre une jeune femme de dix-neuf ans et un homme beaucoup plus âgé, Marlon Brando, qui la prend de force devant des caméras… Une scène vécue comme un viol qui la marquera au fer rouge. Aujourd’hui, Vanessa Schneider tient sa promesse et nous livre l’histoire de la comédienne Maria Schneider : celle d’une enfant perdue, mal-aimée, d’une beauté sensuelle et sauvage, empoisonnée par la gloire. Un destin de femme, mais pas seulement : Maria vécut longtemps dans la famille de la très jeune Vanessa – qui assista, sans tout à fait comprendre, à l’apogée et à la chute de sa cousine tant aimée. Le roman de Maria est aussi une histoire de famille, où se mêlent la politique, le cinéma, la passion, les secrets...
D’un tournage fou à Paris aux rencontres à Londres avec Antonioni, des avant-premières à New-York aux dance floors des boîtes de nuit, du désert californien aux couloirs des hôpitaux psychiatriques, c’est un pan des années 70, du cinéma, de la liberté sexuelle et des abus qu’elle a engendrés, que nous livre ici Vanessa Schneider à la fois témoin, romancière, enquêtrice. Dans ce récit magnifique, où l’on croise Alain Delon et Brigitte Bardot, Marlon Brando et Patti Smith, des réalisateurs retors mais aussi de grands artistes, Vanessa Schneider nous offre une Maria, blessée, insupportable parfois, flamboyante souvent, magnifique, méconnue.