La dépossession
Dans l’Algérie des années cinquante encore meurtrie par les purges antisémites, la guerre d’indépendance plonge le pays dans la violence et le sang. Témoin de ce naufrage, le narrateur revient sur son enfance entre Alger et Constantine, où les troupes françaises paradent et tuent.
Miné par une obésité boulimique, surplombé par un père complexe, le jeune adolescent écume les rues avec son copain d’enfance et finit par trouver l’amour auprès d’une fille de riche colon en rupture de ban. Mais c’est en se ressourçant à deux tableaux accrochés dans le cabinet d’expert-comptable de son oncle qu’il trouve une certaine sérénité. L’un est signé du plus grand peintre de l’âge d’or musulman, Al Wacity ; l’autre d’Albert Marquet, magistral impressionniste, ami de Matisse installé en Algérie en 1927.
À travers ces deux toiles qui résument la mémoire du Maghreb, ce roman de couleurs, de bruit et de fureur charrie l’histoire du xxe siècle. L’usurpation, par un petit bureaucrate corrompu, de l’atelier et de l’œuvre de Marquet légués à l’Algérie, métaphorise la dépossession du pays lui-même.