Signes et sacrements dans le quatrième évangile
S'il est avéré que la notion de « signes » tient une placeimportante dans l'Évangile selon Jean, la valeur de ce terme peut prêter àdiscussion. S'agit-il seulement de la version johannique des miracles ou actesde puissance accomplis par Jésus durant sa vie publique, ou bien, de façon plusradicale, la dualité des signes (rapport signifiant / signifié) peut-elles'appliquer à l'ensemble du quatrième évangile : non seulement les actesde Jésus, mais aussi bien ses rencontres et ses discours, voire le récit pascalde mort et résurrection ?
Ainsi, l'auteur s'applique à montrer que, dans son ensemble et selon ladiversité des modes d'expression, le quatrième Évangile met en oeuvre unprocessus de révélation fondé sur le rapport entre ce qui est dit, raconté,exposé, et ce qu'il convient d'entendre et recevoir quant à la personne deJésus, le Fils envoyé du Père pour le salut des hommes. Dès lors, la stratégiede « double entente », généralement considérée comme caractéristiquede l'Évangile selon Jean, reviendrait à généraliser la dualité inscrite au seinde tout langage, considéré selon la logique des signes.
Yves-Marie Blanchard est professeur d'exégèse du Nouveau Testament et de théologie patristique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Institut catholique de Paris.