Souper des cendres : édition bilingue
1600 : Giordano Bruno mourait sur le bûcher auquel venait de le livrer l'Inquisition, faisant ainsi de lui pour les siècles suivants l'une des plus célèbres victimes de l'intolérance et l'un des symboles de la pensée libre face aux pouvoirs et aux dogmes. Il laisse une œuvre considérable, rédigée en italien et en latin, et qui peut être considérée comme l'un des moments essentiels de la révolution intellectuelle de la Renaissance. Ainsi, sous la forme classique du dialogue philosophique et dans une langue qui emprunte sa terminologie et sa mythologie au néoplatonisme, des textes comme Le souper des cendres récusent l'image médiévale traditionnelle, déjà ébranlée par la révolution copernicienne, d'un monde clos et hiérarchisé et développent la conception d'un univers infini, dépourvu de centre et composé d'une infinité de mondes: pour Bruno, les plus petits atomes de ce cosmos infini ont même dignité que les plus grands et l'infini divin ne peut lui-même s'exprimer que dans un univers également infini.
En cinq dialogues, Giordano Bruno propose une triple réflexion : sur l'état de l'univers, sur l'état de l'Angleterre et sur l'état du discours. La cosmologie brunienne y côtoie en effet le récit d'une étrange équipée dans les rues de Londres ainsi qu'une attaque en règle des savants d'Oxford, de leur science et de leur rhétorique aristotéliciennes.