Roman rose et rose rouge. Le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole de Jean Renart
Ce livre est un essai consacré au Roman de la Rose de Jean Renart (1228).
Généralement désigné aujourd'hui sous le nom de Roman de Guillaume de Dole, du nom de son héros, pour le distinguer du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun, ce roman atypique et sophistiqué du début du XIIIe siècle est farci de chansons - et en particulier de « chansons de toile » - selon un procédé que l'auteur dit être le premier à pratiquer et dont il a lancé la mode.
L'hypothèse de départ de cette étude est que le hasard ne peut expliquer la parution à peu d'années d'intervalle de deux romans intitulés l'un et l'autre Roman de la Rose, celui de Guillaume de Lorris et celui de Jean Renart. Chez Guillaume, la rose représente la jeune fille aimée, et particulièrement - ou simultanément - son sexe: c'est une rose métaphorique, produit du songe allégorique. Chez Jean, la rose est réelle: c'est une marque de naissance sur la cuisse de l'héroïne. Mais elle désigne le sexe féminin par métonymie, par contiguïté, si l'on ose dire. Tout le roman joue - et de toutes les façons - de cette sorte de glissement, de dérive, de superficialité significative, en décalage apparent avec l'art littéraire et la pensée de son époque, qui cherche le sens second et la glose dans la profondeur du texte. Il ne cesse de révéler l'essentiel à travers l'accessoire (ce qui est peut-être le secret de l'art du roman) avec un sens de la mystification en accord avec le sobriquet de « renard » sous lequel l'auteur dissimule son identité. C'est ce que ce petit livre tente de montrer.