La fleur de l'herbe
La Fleur de l'herbe, le deuxième roman achevé de Fukunaga Takehiko (1918-1979), doit son titre à un passage du Nouveau Testament : « toute chair est comme l'herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe. » S'il est considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature japonaise de l'après-guerre, c'est parce que ce roman constitue un « tombeau », au sens poétique du terme, faisant le deuil d'une jeunesse détruite par la guerre et la maladie. Le narrateur de ce roman autobiographique, Shiomi, raconte d'abord son amour difficile pour un camarade de lycée, au sein d'un club du tir à l'arc ; son amour pour la soeur de celleci se voit heurté par la foi chrétienne. Par ailleurs, il tente en vain d'écrire « un roman musical », alors qu'il éprouve un profond dégoût pour le régime militaire des années 1940. Il connaît ainsi deux échecs, dans l'amour comme dans la littérature. La guerre finie, Shiomi est interné dans un sanatorium, isolé de la reconstruction hâtive de la société japonaise. C'est alors qu'il relate ses désillusions dans deux cahiers qu'il confie à un ami en guise de testament, peu avant son opération risquée de la tuberculose.