La Maison aux esprits
Une contrée qui ressemble à s'y méprendre au Chili, du petit matin de ce siècle à son actualité la plus brutale. Entre province et capitale, une dynastie foisonnante de personnages sur chacun desquels repose tour à tour cette chronique, sans qu'on perde jamais les autres de vue, fussent-ils morts et enterrés, ressuscités ou revenants : Esteban Trueba, parti de rien, devenu colossalement riche, propriétaire terrien et sénateur musclé, potentat familial secoué de colères sismiques; Clara, son épouse régu-lière, hypersensible et extralucide, confidente des esprits qui peuplent leur grande maison avant qu'elle ne la hante à son tour; les enfants légitimes et naturels d'Esteban, les rejetons de ceux-ci et de ceux-là, dont les destins s'entrecroisent ou s'entre-lacent dans les jeux de l'amour et du hasard, les vertiges de la révolte et des passions clandestines, les terreurs et les horreurs de la guerre d'un pays contre lui-même. Entre les différentes générations, entre la branche des maîtres et celle des bâtards, entre le patriarche, les femmes de la maison, les pièces rapportées, les domestiques, les paysans du domaine, se nouent et se dénouent des relations marquées par l'absolu de l'amour, la familiarité de la mort, la folie douce ou bestiale des uns et des autres, qui reflètent et résument les vicis-situdes d'un pays passé en quelques décennies des rythmes et traditions rurales aux affrontements fratricides et à la férocité des tyrannies modernes. Un roman qui, par son inspiration, son architecture, sa prose tantôt enchantée, tantôt mordante, est à inscrire parmi les révé-lations de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui.