Esclaves de l'amour
Toutes les facettes du multiple génie de Knut Hamsim se trouvent éclairées dans ce choix de nouvelles extraites des trois recueils qu'il publia entre 1897 et 1905 : son infime tendresse dans l'analyse des amours malheureuses d'adolescents ou de jeunes gens plus épris de leur propre passion que de l'Autre, ses satires ironiques et feutrées de la bêtise humaine en milieu petit bourgeois et surtout à travers de possibles souvenirs personnels, ses esquisses de ce qui restera son personnage inoubliable, le vagabond au grand coeur qu'une irrépressible passion de la liberté, un sens impénitent de la légende et une connivence innée avec le rêve écartent à jamais de toute stabilité.S'y ajoute ce qui reste sa marque inimitable cette voix de conteur inlassable qui s'entend magistralement à captiver l'attention du lecteur à partir indifféremment d'incidents insignifiants ( Une mouche tout à fait banale, de taille moyenne "), ou de ces histoires tragiques d'amour et de mort (" A Plamandso ") dont il fera, par la suite, les grands chefs-d'oeuvre de sa maturité. On retiendra surtout, peut-être, ces merveilles que sont les nouvelles ou la force de la fiction complaisamment entretenue aux dépens de toute vraisemblance (" La Dame du Tivoli ", " Un fieffé gredin ") finit par l'emporter sur le bon sens : ici, vraiment, la Parole s'est faite Création.