Portraits de femmes (édition bilingue)
Les textes présentés ici ont pour thème commun les énigmes du sentiment amoureux. Issus des Nouvelles romaines publiées en 1954. L'Intermédiaire et L'infirmière campent deux femmes qui, an désir " normal " d'un homme, semblent préférer des situations ou des relations ambiguës. Mais la fascination qu'elles exercent sur leurs amoureux éconduits n'en dit-elle pas aussi long sur les phantasmes inavoués de ces derniers ? Ce qui éloigne Emilie de son mari dans Le Mépris (1954) est d'un autre ordre : c'est ici le devenir social de l'homme, assujetti à l'argent au point de se renier lui-même. L'inexplicable mépris d'Emilie reflète le dégoût de soi-même qui s'est secrètement emparé du narrateur. Avec L'Ennui (1960) le romancier se souvient de Sartre et de Camus pour explorer la perte de contact entre son personnage, un peintre non-figuratif, et la réalité. Aux yeux de l'écrivain, l'ébranlement des valeurs traditionnelles par les guerres et les monstruosités de notre siècle a laissé l'homme dans un monde " obscur, indéchiffrable. Ou même, pis encore, inexistant ". L'incapacité du narrateur à s'éprendre de l'indifférence et docile Cecilia le mène aux confins de la perversion - voyeurisme ou sadisme -, ultime tentative de créer un lien.