La Mélancolie des innocents
" Je crois qu'il y a dans toute histoire vraie - ou simplement vécue - une part d'ombre qui ne peut être racontée, à peine s'il est loisible de la désigner de loin, en passant, comme une palpitation noire au bout d'un couloir où le pinceau de notre torche ne parvient pas. Cette part est faite de tout ce que le temps dans sa cruauté n'a pas retenu, ce que les archives ne classeront pas, ce que les témoins n'ont pas vu, n'ont pas dit, n'ont pas compris, ce que les acteurs ont gardé au fond de leur gorge. " Ainsi parle Victorin, le chasseur d'ombres, " l'artiste du souvenir ", dans cette chronique familiale qui déploie sur plus d'un siècle un peuple d'enchanteurs, d'amoureuses et d'innocents à la poursuite d'un bonheur que le temps mettra à mal. Difficile d'oublier les fiançailles de l'ancien voleur de chevaux, la douceur de Baptistine " la belle Ottomane ", Victor que la guerre rendra fou, Paulin le photographe amoureux, le jeune Léonce qui poursuit les abeilles dans la lumière des heures chaudes... Jean-Pierre Milovanoff ressuscite avec humour et mélancolie ces vies fragiles, comme une dernière photographie avant l'oubli.