Alphabet
Alors qu'il venait d'acquérir vingt-quatre lettrines gravées, un éditeur, en 1924, demanda à Valéry d'y associer vingt-quatre poèmes en prose dont chacun commencerait par une lettre différente. L'écrivain se proposa aussitôt d'y évoquer les vingt-quatre heures du jour, composa le recueil sans tout à fait l'achever, y revint à plusieurs reprises jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, mais ne le publia pas. Ce volume peut donc être considéré comme inédit puisque l'édition de 1976, parue à la Librairie Blaizot, n'avait été tirée qu'à 180 exemplaires. Cette publication est un événement parce que ce livre, encore totalement inconnu, est le seul recueil de poèmes en prose que l'écrivain ait jamais composé ; mais aussi parce que l'image de Valéry poète a été trop longtemps réduite à la seule pratique du vers : l'éclat de cet Alphabet devrait à coup sûr modifier cette image. Eclairés par des notes, les poèmes sont précédés d'une introduction de Michel Jarrety, spécialiste de Valéry.