Les têtes : Portraits
Ce ne sont pas exactement des Portraits, mais des visages taillés, comme issus des cavernes du fond des âges, que Jacques Chessex nous donne ici à toucher. Il y en a de célèbres. Voici un François Nourissier en "jeune chien cruel", un Robbe-Grillet en "tête à fraise au lieu de l'écharpe de laine rouge ", un hibou Jean Paulhan, un "légat de César" nommé Yves Berger, le profil sarrasin de Maurice Chappaz, ou le stendhalien Jérôme Garcin, pour ne citer qu'eux. Il y en a d'anonymes, têtes recuites par la mémoire, surgies de la nuit du passé ou de la lumière du jour. Il y a celle de l'auteur aussi, qui s'observe singulièrement. Entre une série d'eaux-fortes et la chirurgie des chairs, à la manière du peintre Giacometti, entre l'exercice d'admiration et le croquis du physionomiste, Jacques Chessex invente ici, non sans humour, un genre nouveau: la galerie de têtes.