La noblesse des vaincus
Brûlés aux flammes de l'amour, comme Musset ou Aragon ; aux feux de la politique, comme Retz ou Barrès ; abîmés dans les gouffres de la lucidité comme Nietzsche, de l'autodestruction comme Verlaine, les écrivains dont il est question ici ne tiennent leur grandeur que de la blessure, de la défaite, de l'échec. Et si leur oeuvre a cherché à les transcender, ils savaient bien, en s'engageant dans l'aventure, qu'il n'y aurait pas de victoire, " qu'on n'arrive jamais à la fin du voyage, qu'on meurt de soif au bord de la fontaine ". Chacun des brefs portraits ciselés ici par l'auteur d'Avant-guerre (prix Renaudot 1983) et de L'Invention de l'amour, cherche à ressaisir cette lumière intime et désespérée qui irradie de la vie dans l'oeuvre, avec le sentiment d'une secrète fraternité. Qu'il évoque Cendrars ou Casanova, Perec ou Byron, Montaigne ou Anaïs Nin, Jean-Marie Rouart nous fait partager une longue fréquentation complice de leurs oeuvres. Mais surtout il nous invite - et nous apprend - à les aimer.