Le Jour du séisme
Le 10 octobre 1980, l'Algérie fut secouée par un séisme. Nina Bouraoui avait alors treize ans. Plus qu'un récit de cet événement en soi traumatisant, ce texte poétique, dont l'écriture doit beaucoup (de l'aveu même de l'auteur) à Marguerite Duras, vise à évoquer métaphoriquement d'autres ruptures : le passage de l'enfance à l'adolescence, la prise de conscience qu'il existe désormais un passé et un avenir au lieu du perpétuel présent du jeune âge ; l'éventualité de l'exil, avec le départ pour l'étranger du frère bien-aimé ; et enfin, à mots couverts, l'angoisse de la guerre civile qui va ravager le pays. "Le séisme forme déjà l'exil et la différence. Il traverse le corps et impose une scission. Il dénature et fonde une autre origine".
Nina Bouraoui poursuit ici une quête de soi-même qui, en réduisant l'anecdotique au minimum, impose des images clefs et tente de nous mener aussi près que possible de l'existentiel et de l'inconscient.