Marie-Laure de Noailles
Elle avait un nom illustre, Noailles, et un aïeul sulfureux, le marquis de Sade. Née en 1902 au croisement d'une lignée de banquiers allemands et d'aristocrates français, l'extravagante Marie Laure fut, jusqu'à sa disparition en 1970, une figure du tout-Paris, mécène généreuse, dont le salon fut fréquenté par le gotha des Lettres et des Arts.
Eprise de Jean Cocteau, amie de Crevel, d'Aragon, de Man Ray, elle finança, avec son époux Charles de Noailles, le film L'Age d'or de Bunuel, qui fit scandale. Elle fit édifier à Hyères par Mallet-Stevens une villa d'avant-garde où se pressa la jet society de l'époque. Elle soutint en 1936 les républicains espagnols et l'on put encore la voir paraître en Rolls parmi les barricades de mai 68...
C'est cette figure étincelante et contrastée que fait revivre Laurence Benaïm, la biographe d'Yves Saint Laurent. Elle fait aussi le portrait d'une femme éternellement mal-aimée, qui paya ses succès mondains de bien des blessures secrètes.