Le Livre noir, numéro 1
Lorsque en 1941 les troupes allemandes envahissent l'URSS, Staline autorise la constitution d'un Comité antifasciste juif, lequel, suivant une suggestion d'Albert Einstein, décide de consigner dans un "livre noir" les atrocités commises par les nazis contre les populations juives, en URSS, et par la suite en Pologne. Réalisé sous la direction de deux écrivains et correspondants de guerre russes, Il y a Ehrenbourg et Vassili Grossman, ce rapport fut envoyé aux Etats-Unis (où fut établie une version anglaise incomplète), et remis au procureur soviétique de Nuremberg. En revanche, dès l'après-guerre, il fut interdit en URSS, et plusieurs de ses rédacteurs exécutés. Partiellement édité en russe en Israël en 1980, il ne le fut intégralement qu'en 1993 à Vilnius (Lituanie). C'est un document historique de premier ordre. Les enquêteurs ont parcouru l'Ukraine, la Biélorussie, les pays Baltes, la Pologne, se rendant dans les camps nazis juste libérés, rassemblant des centaines de documents, allant jusqu'à faire venir par avion spécial des témoins de massacres ou de déportations. Cet ouvrage demeure la principale source d'information sur l'extermination des Juifs dans les territoires de l'ex-URSS. C'est aussi un bouleversant morceau d'histoire immédiate, dû à des journalistes et écrivains de conviction et de talent.