Les Cinq-à-sept de Fernand Doucin
Fernand Doucin, employé de banque, se réveille tous les matins à cinq heures. Il se rendort à six heures. Pendant une heure, donc, il souffre de cette insomnie de l'aube qui est si désagréable. A quoi pense Fernand Doucin, entre cinq et six heures du matin, pendant trois cent soixante cinq jours par an ? Sa préoccupation majeure, c'est évidemment de se rendormir. Mais le sommeil est difficile à rattraper. Le premier intérêt de ce livre est de donner beaucoup de recettes pour s'endormir. La plupart sont inédites et d'une efficacité éprouvée. Ensuite le lecteur pourra trouver curieuses et même pittoresques les pensées d'aube de Fernand Doucin. Celui-ci ne craint ni les grands ni les petits sujets ; il traite avec une égale abondance de l'abus du tabac, des méfaits de la choucroute, de la facture du tailleur, de la mort, de l'âme, du Diable, de Dieu, d'une maîtresse à quitter, d'une autre à conquérir. Ce sont là en effet ses principaux soucis et il est naturel qu'ils viennent l'assaillir pendant ses insomnies. Ce livre est bien davantage le tableau d'une certaine sensibilité qu'une étude sociologique. Après tout, pourquoi la littérature d'aujourd'hui ne s'occuperait-elle pas de sensibilité comme il y a cent cinquante ans ? C'était si amusant. La grande ambition de l'auteur serait d'avoir donné en la personne de Fernand Doucin un modeste petit-neveu au chevalier des Grieux, à Frédéric Moreau, à René. Du reste, pour parodier un mot célèbre : l'employé de banque, c'est l'aventurier du monde moderne.