L'Aurore vient du fond du ciel (1)
Notre époque est indiscrète. Certains luis résistent. De Maurice Druon, le plus connu peut-être des écrivains français vivants, que connaît-on ? On connaît le romancier, l’homme politique, le Secrétaire perpétuel de l’Académie française, et l’infatigable combat qu’il mène pour la défense de la langue française. Mais de Maurice Druon lui-même, de l’homme Druon, que savons-nous ? Aujourd’hui, dans un récit rapide, chaleureux, coloré, il nous décrit d’abord le cheminement de ce qu’il appelle son « vouloir vivre », à travers les ascendances géographiquement les plus diverses et parfois extravagantes. Puis, avec cette allégresse qui semble le tempo même de la jeunesse, en dépit des orages intérieurs et extérieurs qui la menacent, Maurice Druon nous dit comment, pendant les courtes années qui séparent la Première Guerre mondiale de la seconde, il est devenu ce qu’il est. Mais au-delà du charme des souvenirs et de la formation d’une personnalité, Maurice Druon nous révèle, dans le style ferme et grave qui est le sien, « chaud de cœur et clair d’esprit », la véritable raison d’être de ces Mémoires : « Suite profane d’une tradition sacrée, les "mémoires" sont le vêtement qui nous habillera sur notre lit de mort, le vernis de notre sarcophage. « Sinon, quoi de plus dérisoire que d’aspirer à une immortalité de papier, afin de se maintenir, un peu plus, un peu moins, dans le souvenir d’une espèce qui, tôt ou tard, disparaîtra d’une planète destinée, de toute manière, à refroidir ? « Le témoignage est l’acte terminal de notre mission, sa perfection au sens premier du terme. » C’est ce témoignage dont il livre ici le début.