Les rebelles
Pour contrer le règne du discours unique, il est d'une brûlante actualité de se remémorer les combats de tous ceux qui, à leurs risques et périls, ont opposé leur refus aux pesanteurs de la conformité normative. Le « non » qui n'induit pas un « oui » n'a aucun intérêt. Il est inconsistant parce que irresponsable ; médiocre parce que sans danger. Il en résulte que la force et la richesse d'un « non » dépendant à la fois de la nature du « oui » qu'il implique et du risque que l'on prend en le proférant. Le « non » du général de Gaulle fut un « oui » à la France ; le « non » de Victor Hugo un « oui » à la république ; le « non » de Thomas More un « oui » à sa foi ; le « non » de Thomas Beckett un « oui » à sa conscience ; le « non » de Mirabeau à Dreux-Brézé un « oui » au droit du peuple comme le « non » de Maurice Audin à ses tortionnaires fut un « oui » aux droits des peuples. Le « non » de Zola fut un « oui » à la démocratie ; le « non » de Clemenceau autant de « oui » à la nation ; le « non » de Jean Moulin un « oui » à la fois à la démocratie, à la nation et à l'honneur. L'inverse est également vrai : des « non » tonitruants peuvent porter des « oui » épouvantables. Le « non » de Polyeucte aux « idoles » était implicitement un « oui » à l'intolérance totalitaire. Le « oui » à l'impérialisme colonial est tout entier contenu dans le « non » des croisés aux infidèles.