Récit d'un branleur
Il paraît qu'on attire tous un certain gratin de la société. Y en a c'est l'argent. D'autres les belles femmes. Et bien moi c'est les dingues. Les hallucinés. Et tous ceux qui ont besoin de se plaindre. Et c'était à cause de ce genre d'enfoirés que chaque midi je le mangeais froid mon onglet aux échalotes. J'avais rien. Ni profession, ni femme, ni ami. Jusqu'au jour où Julia, ma tante alcoolique, m'a légué son caniche blanc, pour aller mourir dans une cure de désintoxication. C'est peut-être ce chien qui m'a changé la vie. J'ai créé mon entreprise. La société des plaintes. Les gens pouvaient venir se plaindre dans mon appartement que j'avais transformé en bureau. Ça a tout de suite marché très fort. J'ai même dû engager un employé. C'est devenu mon meilleur ami. Et puis en lisant dans le journal la rubrique des faits-divers, je suis tombé amoureux. Une fille que j'avais connue à l'école et qui était devenue tueuse d'un couple de patrons de café. Bref. Ma vie se remplissait de tout ce dont a besoin un homme. Mais quand on a passé une existence à branler, les choses ne restent pas aussi faciles."
Les pérégrinations d'un jeune homme qui a su faire de son désœuvrement un art de vivre. Samuel Benchetrit invente un ton et donne une vision cocasse du monde d'aujourd'hui.