SI ON LES TUAIT
" C'est lui qui a commencé. Lui, Vannère, qui a dit ça tranquillement alors que nous avions passé une éternité à les observer dans leurs déplacements et je n'en revenais pas de voir toute cette agitation, de découvrir avec quelle ardeur un peuple industrieux vaquait à ses affaires, c'est lui qui a eu l'idée d'un massacre. Moi je ne suis pas violent, je refuse de me laisser emporter par les passions, j'ai tendance à m'enfermer dans un domaine intérieur assez douillet ; si j'ai parfois quelque élan d'enthousiasme c'est qu'un instant me saisit l'étrange envie d'accomplir une action d'éclat, jeter un pont sur des eaux tumultueuses, combler un gouffre, aplanir une montagne. Des projets généreux, en somme. Je ne suis pas méchant. "