Chroniques 1968
Les célébrations de Mai 68 s'achèvent... Laissons à Alexandre Vialatte le soin de les clore. Avec poésie, sagesse et irrévérence.
Qu'est-ce, selon Vialatte, que la révolution ? « Un voisin chauve qui passe la tête au-dessus d'une muraille de silence. »
Les motivations des jeunes à agir ? « D'autres dataient de Verdun, de Diên Biên Phu, de l'OAS, de l exode ou du marché noir. Ils ont voulu eux aussi dater de quelque chose. D'un événement qui les révèle à eux-mêmes. Et ils ont forcé l'événement. » Conclusion ? « Ils ont ressemblé à leurs pères. On ne va pas contre l'hérédité. »
Et demain, que restera-t-il de Mai 68 ? « Tout dépendra des gouvernements. De l'intérêt qu auront les plus forts à minimiser l'aventure ou à en faire dater la naissance de leur règne », prophétise-t-il à la date du 15 décembre 1968.
Dans ce volume qui rassemble le millésime 1968 des chroniques d'un observateur inégalable des moeurs de son temps, on n'apprendra en réalité presque rien sur les « événements de Mai », mais en revanche mille détails essentiels sur les océans, les fleuves et les îles ; les montagnes, les plaines et les continents qui ont en commun de « remonter à la plus haute Antiquité ». Et on y croisera surtout la route de l'homme, « enfant chéri de cette chronique », « vaincu par ses conquêtes », dont Vialatte se demande : « Que pouvait-il faire sans auto à laver ? »
De Pierre Desproges à Amélie Nothomb, de plus en plus nombreux sont ceux qui revendiquent une filiation avec l'humour absurde et le style prodigieux d'Alexandre Vialatte.