Marguerite, Françoise et moi
Prudence lorsque vous confiez vos misères à la boulangère. C'est peut-être un écrivain !
Déçue par le peu d'écho rencontré par ses livres, une femme écrivain est amenée à travailler comme vendeuse dans une boulangerie de la petite commune où elle vit. Comble du désenchantement, la France vient d'élire un président de la République incarnant les valeurs que notre héroïne a toujours combattues ardemment. Face à tant d'adversité, comment ne pas baisser les bras ? Et où trouver du réconfort ? Dans la joie des enfants qui tournoient dans la boulangerie en quête d'une viennoiserie ou d'un bonbon ? Dans le ronronnement rassurant des paroles échangées au-dessus du présentoir ? Non, c'est finalement dans les livres ceux, en particulier, de Françoise Sagan et de Marguerite Yourcenar que notre héroïne puisera la force de résister au marasme. Pour finir par reprendre le chemin de l'écriture.
Hommage vibrant à la lecture, seul rempart contre la bêtise et véritable planche de salut quand le monde semble ne plus vous soutenir, l'histoire de Danièle Saint-Bois est revigorante. À la fois narratrice et protagoniste principale, elle entre en résistance contre la crise morale de notre société, échappant à la dépression qu'on aurait pu lui prédire. Observatrice tantôt amusée, tantôt courroucée, de ses contemporains, elle pourfend, avec son humour décapant et sa grande acuité, le conformisme social, l'abêtissement programmé de la jeunesse, le cynisme grandissant des puissants, l'indifférence généralisée.
Drôle, féroce, ce récit autobiographique décrit sans fard la traversée du désert et l'héroïsme au quotidien d'une femme naviguant de la littérature à la boulange, tout en restant elle-même ! Son livre est un manuel de survie par temps de crise et un puissant antidote contre la morosité. Car Danièle Saint-Bois n a pas sa langue dans sa poche. On rit beaucoup en la lisant, et on salue son bel esprit critique. Il n y a plus qu'à lui souhaiter de vendre ses livres comme des petits pains.