N'oublie pas les oiseaux
Fascinée par les métiers de la scène, une jeune provinciale, discrète et timide, débarque à Paris avec des rêves plein la tête, sa détermination pour seul bagage. À l'École de chansons où elle prend ses premiers cours, elle est subjuguée par l'un de ses professeurs, charmeur et charismatique, un homme attentif, à la voix pénétrante, de plus de vingt ans son aîné. Si pour elle le coup de foudre est immédiat, le maître, lui, semble de prime abord plus attendri que séduit. Autour de lui, les femmes défilent, attirées comme des papillons de nuit par la lumière. Mais l'histoire ne fait que commencer. Avec cette élève qui n'est ni la plus éclatante, ni la plus extravertie de ses étudiantes, l'insatiable Dom Juan va pourtant vivre une passion au long cours qui ne s'éteindra vraiment qu'avec sa mort. Entre-temps, ils se seront aimés et déchirés, séparés et retrouvés, auront fait un enfant, puis se seront quittés de nouveau, tandis que s'épanouissait le talent de la jeune femme, et que le succès de l'homme, une sommité dans sa profession, connaissait peu à peu le déclin.
Pleine de bruit et de fureur, cette histoire s'étend sur presque vingt ans et retrace toutes les étapes d'une relation amoureuse fiévreuse et chaotique. Une histoire qui renaît plusieurs fois de ses cendres, dans laquelle chacun se reconnaîtra à un moment ou à un autre, car elle évoque tous les moments de la vie de couple, de la première rencontre à la séparation, de la passion aux premiers signes d'ennui, de la fusion à la trahison, et jusqu'au deuil douloureux de celui dont la narratrice pensait, bon gré mal gré, qu'il ferait toujours partie de sa vie. Car elle dresse avant tout le portrait d'un homme complexe et attachant, aux multiples facettes, à la fois mentor, pygmalion, ami, amant, amoureux, compagnon, père, qui se révèle être aussi un séducteur impénitent, un mâle égoïste cherchant sans cesse à se rassurer, voire, dans certaines circonstances, le pire des salauds. Symétriquement surgit l'image d'une femme à la force insoupçonnée dont on assiste à l'éclosion en tant qu'artiste, en tant que mère, qui se construit et se découvre au fur et à mesure qu'elle tente d'échapper au piège de cet amour absolu et dévorant, inapte, par essence, à la rendre heureuse.
Pour son troisième roman, Murielle Magellan a choisi la voie du récit autobiographique. Cette histoire est la sienne, et revendiquée comme telle dès les premières lignes. Tout y est vrai, jusqu'aux extraits de carnets intimes qu'elle a exhumés pour l'occasion, créant un contraste saisissant entre l'écriture brute et naïve de la jeune femme qu'elle a été, et la distance rétrospective de la romancière fine et sensible qu'elle est devenue. Cette démarche littéraire originale lui réussit, comme si son histoire, au fil des pages, nous racontait aussi la nôtre.