Venez, vous dont l'œil étincelle
En cette année 736, le duc Mauronte, patrice de Marseille, s'inquiète pour l'indépendance de son fief, menacé, au nord, par les Francs de Charles Martel et, au sud, par les Sarrasins. S'il veut survivre, Mauronte doit s'allier à l'un des deux camps. Le choix est d'autant plus délicat que Childebrand, frère de Charles Martel, et Youssouf, gouverneur musulman de Narbonne, sont tombés fous amoureux de Blanche, sa fille adorée. Peu belliqueux, le Duc aime les plaisirs de la vie dont il jouit sans modération. Il apprécie par-dessus tout qu'on lui raconte des histoires et, pour l'aider à prendre sa décision, il décide d'ouvrir son palais aux conteurs venus des deux contrées opposées. Tout au long d'innombrables nuits, les narrateurs affluent. Pendant de délicieuses soirées, c'est un feu d'artifice d'histoires magnifiques où tout ce qui peut germer dans l'imaginaire fiévreux des hommes est exalté : l'amour, la douceur, l'érotisme, la violence, la cruauté, la pure beauté, le merveilleux, le fantastique. Chacun cherche à toucher, au plus secret, la raison du père et le coeur de la fille. Mais les dieux, seuls, savent qui sera l'heureux vainqueur de ce combat singulier.
Quand les armes se taisent, le temps d'un dialogue des cultures, quand la joute n'est plus sur le champ de bataille, mais dans la bouche des plus redoutables orateurs, alors tout devient possible, à commencer par la paix. Dans ce roman virtuose, construit comme une inépuisable poupée-gigogne, Jean-Christophe Duchon-Doris fait preuve d'une imagination éblouissante, servie par un humour et une écriture d'une grande finesse.