Les derniers jours de Hitler
Cinq millions d'Allemands ont visionné La Chute et aussitôt, nous Européens, avons l'impression qu'un tabou est tombé, tant la figure de Hitler a conservé un curieux pouvoir de fascination. En fait, le film constitue un spectaculaire hommage à l'un des meilleurs historiens du nazisme, Joachim Fest, et à son livre, Les Derniers Jours de Hitler, qui a directement inspiré le scénario. Archives à l'appui, Fest raconte un Hitler inconnu, " l'homme du souterrain ", qui fait construire son premier bunker en 1933, multiplie les abris jusqu'en 1944 et s'y enferme, manifestation suprême de la situation " dos au mur " que le dictateur a toujours recherché. Dans cette histoire de ruines, de destruction et d'espoirs chimériques, apparaît l'une des clefs du pouvoir de Hitler : maintenir contre l 'évidence, l'illusion d'un IIIe Reich victorieux. Joachim Fest ne se contente pas de brosser avec talent les portraits de Goering, Goebbels et de cet entourage passant de la prostration à la frénésie. Il raconte la déchéance physique de Hitler, son obstination à vouloir détruire, exterminer, même si ses ordres ne sortent plus de ce sarcophage de pierre et d'acier. Fest n'oublie rien des 4500 jours que dura le IIIe Reich, et il a le mérite insigne de nous confronter à cette terrible question : et si le Hitler du bunker était le " vrai " Hitler ?