Histoire de la Comédie-Française
Fondée en 1680, la Comédie-Française est l'une des institutions les plus anciennes de la France. En raconter l'histoire, c'est faire la biographie d'un être collectif, formé des comédiens, mais aussi des musiciens, des danseurs, des administrateurs et des multiples employés du théâtre, depuis les comptables et les décorateurs jusqu'aux garçons de salle. Cette société (telle est son appellation juridique), à la fois indépendante et soumise à l'autorité royale, a connu réussites et échecs, difficultés financières, tensions avec les auteurs ou le pouvoir, sans compter les déchirements internes. De grandes figures s'en détachent : des acteurs - Baron, Lekain, Molé, Préville, Talma ; des actrices - la Champmeslé, Adrienne Lecouvreur, Mlles Clairon et Raucourt. Jusqu'à la Révolution, la troupe est restée homogène, unie par la passion du théâtre.
Soucieuse de faire revivre, devant un public souvent difficile, les chefs-d'œuvre anciens de Racine et de Corneille, et avant tout de Molière, la Comédie-Française n'a jamais cessé de donner leur chance aux oeuvres nouvelles, de Crébillon, de Voltaire - l'homme de théâtre le plus fécond du XVIIIe siècle -, de Beaumarchais.
Si la Comédie-Française a failli sombrer avec la royauté, à laquelle elle se sentait liée - ses membres n'étaient-ils pas d'abord " comédiens ordinaires du Roi ? -, elle s'est reconstituée, dès l'aube du nouveau siècle, comme si sa vitalité était au-dessus des régimes politiques, gardienne du passé mais ne redoutant jamais d'affronter l'avenir.