Madame de Pompadour
Elle croyait à la destinée et elle avait raison ", écrit Voltaire. Cette bourgeoise, promue au rang de maîtresse royale par Louis XV, tient une place très particulière dans l'histoire des grandes favorites : c'est tout à la fois une amoureuse et une femme de pouvoir, dont " le règne " a duré vingt ans. Belle, intelligente, cultivée, douée d'une rare énergie, en dépit d'une santé chancelante, imprégnée de philosophie, amie des encyclopédistes, elle séduit un monarque profondément dépressif. Elle l'entoure d'une chaude tendresse, prévient le moindre de ses désirs et parvient toujours à l'arracher à sa profonde mélancolie. Superbe, impérieuse, calme, friponne, sensée, curieuse, attentive, elle transforme la vie du souverain, comblant son goût pour la vie intime, sachant se comporter aussi bien en maîtresse qu'en épouse. Mais elle comprend très vite que pour durer, son ascendant doit s'exercer sur l'esprit du monarque plutôt que sur ses sens. A mesure que s'éteint le désir, son influence politique ne cesse de grandir. Moins elle est traitée en amante, plus elle agit en souveraine : elle fait et défait les ministres, conseille les ambassadeurs, s'engage dans les tractations diplomatiques, correspond avec les généraux. Ses initiatives ne sont pas à l'abri de toute critique, et l'on peut déplorer certains choix malheureux. En revanche, on ne peut qu'admirer le goût et le discernement dont elle fait preuve comme protectrice des arts, où elle tient, avant la lettre, le rôle de ministre de la Culture. Mme de Pompadour exerce ce pouvoir avec l'assentiment du roi dans une sorte de légitimité inédite et consensuelle qui tient à la profonde mélancolie de Louis XV, lequel ne trouve de réconfort qu'auprès de cette " amie nécessaire ", que seule la mort lui enlèvera.