Comment l'Algérie devint française
Tout commence le 30 avril 1827 par les célèbres trois coups d'éventail que le dey Hussein donne, au cours d'une audience, au consul de France, Pierre Deval. A l'origine de ce geste, une dette non réglée par la France, et la piraterie incessante menée par les Barbaresques, encouragée en sous-main par le dey. L'escadre commandée par l'amiral Duperré et l'armée du général de Bourmont s'emparent d'Alger. La Régence est supprimée, signant l'effondrement de la présence turque vieille de plusieurs siècles. D'abord accueillis comme des libérateurs par la population, les Français ne tardent pas à rencontrer une résistance d'abord sporadique d'émirs locaux, puis bien organisée en la personne d'Abd el-Kader, "le serviteur du Tout-Puissant", vingt-deux ans, qui descend en ligne directe de Mahomet.
Sa haine du régime turc, son prestige et son autorité morale font de lui le seul émir capable d'unir les clans. Abd el-Kader engage la lutte contre les Français avec des succès divers. Les hésitations de la politique coloniale française expliquent que le général Desmichels puisse signer un traité avec lui, en 1834, lui reconnaissant une souveraineté sur une partie importante du pays. La France ayant opté pour une occupation partielle de l'Algérie, le traité de la Tafna, en 1837, confirme la souveraineté d'Abd el-Kader sur les deux tiers du territoire. La guerre ne tarde pas à reprendre à cause de l'extension de la présence française.
Malgré son acharnement, Abd el-Kader ne peut résister aux colonnes expéditionnaires du « père Bugeaud », gouverneur de l'Algérie de 1841 à 1847. En 1843, la prise de sa smala par le duc d'Aumale signe le début de la fin. L'Algérie devient française. Commencent alors cent quinze ans de colonisation, de passions et de guerres...