Correspondance : Tome 1
Rendu célèbre par hasard dans les années cinquante, Paul Léautaud passa sa vie à écrire beaucoup, en toute liberté, et publier peu. Cet écrivain en effet, insolite à bien des égards par son indifférence à toute célébrité, refusait ou différait la plupart du temps la publication de ses manuscrits. Il nous laissa tout de même, comme un vrai don à la littérature, un extraordinaire Journal Littéraire et cette correspondance en deux volumes, habitée par la même générosité.
Et quelques romans
, ajouterions-nous presque à regret quon les ait oubliés, pour les abandonner dans dieu sait quelle coulisse du monde des lettres. Ecrivain rare, Léautaud rejoignait là une avant-garde secrète dont on a perdu depuis longtemps les traces, de Lichtenberg à Derul. Des «dissidents», oserait-on si le mot nétait si galvaudé et surtout si connoté historiquement. Mais de vrais séditieux, posant à la Littérature des questions embarrassantes, comme celle du problème de la communication véritable entre lécrivain et son public, par exemple. Ou bien encore celle du renouvellement de lacte littéraire, dans ces déplacements auxquels ils opéraient, de luvre romanesque au journal intime.
Léautaud, en qui on sest complu à ne voir que légotisme forcené et qui passait pour une sorte danti-démocrate cynique, nous livre ici, dans cette «épatante» correspondance, selon lexpression de Paulhan, un autre visage. Celui dun solitaire voluptueux et sensuel, que scandalise la souffrance mutique des hommes et la chimère dun monde impatient de tuerie.--Joël Jégouzo.-- -- Urbuz.com