Grosse faim
Né en 1909 dans le Colorado et mort en 1983, John Fante est le fils d'immigrants italiens. Après des études dans une école de Jésuites, Fante place très vite quelques nouvelles. En 1938, il publie son premier roman Wait until Spring Bandini (Bandini dans la traduction française). Inlassablement, à travers tous les livres qui suivront et qui constitueront une oeuvre attachante et forte, Fante racontera la même histoire : la sienne où il mêlera vérité et mensonges.
Dix-sept nouvelles inédites et excellentes de John Fante, plus l’intégralité du prologue à Demande à la poussière, voilà une découverte inespérée que l’on doit à Stephen Cooper, le biographe de Fante et l’éditeur du présent recueil.
Ces nouvelles, écrites entre 1932 et 1959, ont parfois été publiées dans des revues ou des magazines américains, mais jamais réunies sous forme de livre. Grosse Faim est donc un vrai recueil d’inédits, et certes pas un amalgame de divers fonds de tiroir que l’on découvrirait sur le tard. Toutes les nouvelles du livre sont dignes de celles du Vin de la jeunesse, ou de textes courts de Fante tels que L’Orgie ou encore Mon chien Stupide. Ecrites sur plus d’un quart de siècle, elles abordent tous les thèmes chers à Fante : l’enfance et les extraordinaires dons d’imagination d’un écrivain en herbe (Grosse Faim) ; les conflits tragi-comiques entre le plaisir et le péché, les vertus de la confession catholique, les affres et les impostures de la religion ; le mensonge et la fiction comme antidotes indispensables à une existence minée par la misère, la mésentente des parents, l’indécrottable italianité, la haine et l’amour des poivrons, de l’ail, du vin rouge et de toutes choses originaires des Abruzzes ; la toute-puissance des femmes et les anathèmes qu’elles jettent non seulement sur les hommes, mais aussi et surtout sur les femmes étrangères au clan des « Ritals » ; la violence destructrice à l’oeuvre dans un couple ; le pathétique de la pauvreté et le désir de s’en sortir pour devenir « un vrai Américain » conforme aux modèles de la réussite, grâce à l’écriture, à cette volonté forcenée qu’est celle de John Fante et de son double, Arturo Bandini, d’écrire et d’être publié pour survivre et écrire encore.
Les amateurs du grand John Fante retrouveront ici cette écriture sèche, à l’os, lyrique mais jamais grandiloquente, sûre de ses effets mais jamais prétentieuse, « cocasse et pathétique » comme disait Louis Jouvet à propos de la vie, pour évoquer tribulations de l’existence et écarts de conduite, grandes espérances et désillusions amères, tout ce théâtre de l’émotion hypertrophiée, cet opéra du moi qui caractérise l’auteur de Bandini et de Demande à la poussière. La préface enfiévrée, délirante, à ce dernier roman est ici publiée pour la première fois dans son intégralité.
Grosse Faim est un grand Fante !