INFILTRATION
Ce long roman retrace le destin d’appelés du contingent israéliens aux profils déficients. Construite comme une tragédie grecque, avec unité de lieu, d’action et de temps, l’histoire se déroule pendant un été dans une base militaire d’entraînement du désert du Néguev. Le livre s’ouvre alors que le narrateur reprend conscience après s'être évanoui au cours d’un exercice. C’est à travers son regard que le lecteur découvre l’univers du roman et les personnages qui le peuplent. Plongé dans un état de semi-conscience, le narrateur se trouve d’emblée à la réalité de l’armée, au rituel de l’humiliation, aux ordres, aux exercices, aux gestes répétés indéfiniment, sous la chaleur implacable de l’été. A la description quasi-documentaire de l’entraînement sont entremêlées la réaction et l’expérience personnelle de chacune des recrues. Venus de différents univers, cultures et ethnies, ces jeunes gens réagissent tous différemment face à la machine à broyer. De la révolte à la soumission la plus totale, en passant par la peur, la honte et la nausée, le jeu social de l’armée se fait jour. A la fin du livre, l'armée a provoqué une sorte de réaction chimique: les appelés accèdent au statut mythique du soldat. La conséquence de cette transformation est mise dans la bouche de l’un d’entre eux :
« Il y a ici des gens qui seront cassés pour le restant de leur vie, qui ne vont jamais pouvoir guérir de cette blessure. »
La nécessité de se défendre puis la logique de la guerre qui engendre haine, souffrance et mort représente pour ces instructeurs, officiers et simples soldats, une marque de Caïn. Elle constitue la blessure qui unifiera l’Etat d’Israël.