Le Voleur de gouter
Le commissaire Montalbano de Vigàta en Sicile est perplexe. Pourquoi le petit entrepreneur retraité M. Lapecora, aussi fade et insipide qu'il est possible de l'être, a-t-il été poignardé dans l'ascenseur de son immeuble ? Dans le même temps, il hérite de l'affaire du Tunisien abattu au large des eaux internationales dans une barque de pêche "par une vedette tunisienne (…) qui lui a tiré dessus une rafale de mitraillette". Et pour couronner le tout, il recueille François, un gamin qui a la vilaine habitude de faire la sortie des écoles pour voler le goûter de ses petits camarades. Sauf que ces petits camarades ne sont pas les siens, étant donné que François ne va pas à l'école, qu'il vole parce qu'il a faim et que sa maman, disparue, s'appelle Karima, une Tunisienne, (encore !) qui a fréquenté assidûment M. Lapecora, son voisin assassiné. Il faudra à Montalbano beaucoup de patience pour démêler les fils d'une histoire dont les racines remontent jusqu'au pouvoir politique. Et beaucoup de temps… pour comprendre que François, entré dans sa vie par hasard, n'est pas prêt d'en sortir !
Outre une intrigue particulièrement bien enlevée qui dénonce corruption, lâcheté et pouvoir occulte, c'est Montalbano lui-même, personnage cocasse et désabusé, qui donne au roman tout son sel : bougon, voire colérique, amoureux et jaloux à ses heures, futé, cachottier et fin gourmet incapable de résister à un bon repas.
Claude Mesplède