Traité sur l'éducation des femmes
Au XVIIIe siècle, la réflexion sur l'éducation passionne les Lumières. En bon « philosophe éclairé », on se plaît à dénoncer tous les obscurantismes, on encourage la vulgarisation des connaissances nouvelles, avec l'ambition de donner à chacun les moyens d'assumer sa liberté, sur la voie du progrès et du bonheur terrestre. Un beau programme pour l'esprit des Hommes, mais qu'en est-il pour celui des Femmes, à supposer qu'elles en aient ? Laclos entend lier le problème de la condition de la femme à celui de son éducation. En mars 1783, propulsé sur le devant de la scène parisienne par le succès d'un roman « sulfureux », Les Liaisons dangereuses, il répond à la question posée par l'Académie de Châlons-sur-Marne (« Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l'éducation des femmes ? ») en exprimant un point de vue provocateur (« Il faut oser le dire : il n'est aucun moyen de perfectionner l'éducation des femmes »). Deux autres essais viendront compléter une analyse dont les arguments étonnent souvent, au gré de prises de position paradoxales entre une vision traditionnelle de la femme et un engagement « moderne » avant la lettre pour défendre son émancipation. On trouvera ici réunis ces trois textes qui n'ont été publiés qu'au XXe siècle, accompagnés d'un dossier sur le statut des femmes au XVIIIe siècle et sur leur place dans la société, vue par les contemporains de Laclos.