Les âmes sans nom
«Notre revanche sera le rire de nos enfants.»
Bobby SANDS
Extrait du prologue :
Marseille, le 28 avril 1984
Barbara Flanagan a froid.
Malgré la saison. Malgré le soleil qui a brillé toute la journée. Elle grelotte. Ses doigts gonflés bougent à peine. Les menottes d'acier garrottent ses poignets fragiles.
Derrière la petite porte de la cave, la voix de l'homme semble lointaine, si lointaine que cette distance imaginaire a quelque chose de rassurant. Le soliloque va et vient. Un murmure de damné qui grossit lorsqu'il s'approche de l'embrasure et s'évanouit quand il passe dans la chambre.
Barbara Flanagan sent l'humidité sortir du sol terreux et la pénétrer sournoisement.
Un bruit sourd. Un objet chute sur le plancher. Elle tend l'oreille. La corde qui entrave ses chevilles la fait atrocement souffrir. Un ruban adhésif obstrue sa bouche et tire ses lèvres vers l'extérieur. Cette douleur-là demeure supportable.
L'homme ouvre les tiroirs de la commode de la chambre. Les referme avec rage. Renverse des étagères. Fourrage et retourne tout ce qui peut l'être. Et vocifère entre ses dents.
Barbara Flanagan ne peut pas crier. Juste un grognement qui ne parvient pas à décamper de son ventre noué. Pourquoi cet homme n'a-t-il rien dit depuis qu'il la retient prisonnière ?
L'image de Sean surgit du noir.