Bruits ou voix
Si vous avez une inclination intime pour le vacarme, le bordel, le fracas, le brouhaha, le chahut et le tintamarre, vous ne devez pas imaginer que vous êtes un pervers auditif ; un enfer de silence, de murmures, de souffles faibles ne va vous échoir ; cela va plutôt signifier que vous nourrissez une vocation occulte et peut-être assoiffée pour les bavardages, les cancans, le commérage du cosmos. Les astéroïdes font du raffut, bredouillent, les satellites jettent une oeillade, chuchotent, les météores affairés grommellent. Si un peu d'inclination pour les valeurs éternelles de la civilisation sapiens se hasardera en vous, vous serez alors certainement des dégustateurs du diablotin ou du diable, ou mieux du pandémonium, et même l'enfer simple, chenu est le terme pas tout à fait inexact pour dire de grands clabaudages ; et à peine note-t-on certaines délicatesses comme grondements et tintements, détonations et soupirs, conflagrations et crépitements, sifflements et chuchotements, qui paraissent tous ensemble faire allusion à une histoire d'une intensité dramatique belle et intime. Et qui détonne, mes chers amis ? Qui du bruit passe au jappement et au roucoulement ? Qui, autrement, sarabande et, en ayant une attitude arrogante, dans un grondement vrombissant fait du tohu-bohu, crée un émoi et enfin éclate ? Mais qui est donc, qui est donc ce boucan de tous les diables ? Ne serait-il, précisément, nous-mêmes ?