Ciel de lit
Le dernier roman d’Álvaro Pombo s’ouvre sur le souvenir le plus ancien et le plus merveilleux qu’ait gardé Gabriel Arintero de son enfance, lorsque, âgé de huit ou dix ans, il faisait l’amour avec un cousin de son âge, Manolín. Très tôt convaincu de son homosexualité, et la revendiquant, Gabriel rompt toute relation avec sa cousine Carolina lorsque celle-ci lui avoue qu’elle l’aime, et il quitte ensuite l’Espagne franquiste, homophobe, pour se réfugier à Londres. Quelques années plus tard, abandonnant tout sur un coup de tête, il se retrouve au Salvador où il rencontre son grand amour, Osvaldo, un jeune étudiant salvadorien qui participe au mouvement des théologiens de la Libération contre le régime corrompu. Engagé dans la guérilla pour alphabétiser les plus pauvres, il doit rentrer dans son pays après la disparition d’Osvaldo et décide alors de devenir volontaire pour aider d’anciens détenus à se réinsérer. Dans l’Espagne de la movida, il retrouve ses riches cousins : Carolina, bientôt retraitée de l’université où elle dirige une chaire d’histoire des religions, et son frère Leopoldo, qui gère la fortune familiale et a adopté Estebán, le fils d’un ami décédé.
A. Pombo, en se penchant sur l’histoire intime et les méandres de l’âme de chacun de ses personnages, aborde les grands problèmes de notre temps : la violence et la justice, la corruption et la générosité, la politique et l’amour, l’homosexualité et la religion, la culpabilité et la libération de la culpabilité. Tout cela est narré dans une prose puissante qui fait passer le lecteur de la magie à la cruauté, de la parodie à l’intimisme, de la violence à l’exaltation, avec un talent littéraire unique qui a consacré A. Pombo comme l’un des grands écrivains espagnols contemporains, récompensé par les prix les plus prestigieux.