Vénus noire
Angela Carter a un double rapport à la littérature. D’une part, c’est pour elle un objet d’étude : elle a été chargée de cours dans l’atelier d’écriture de l’université de Sheffield. D’autre part, c’est son instrument de création et d’évasion : primée sur tous les continents, elle allie rigueur du style et ambiance quasi-fantastique. Les textes qui constituent Vénus noire se trouvent à la croisée de ces deux acceptions. Ce recueil forme une sorte de prisme kaléidoscopique qui met en lumière différentes facettes du thème de la « femme nouvelle », allant d’une inconnue accusée de meurtre aux États-Unis au XIXe siècle à la maitresse de Baudelaire. Qu’elle s’inspire de Shakespeare ou d’Edgar Allan Poe, Angela Carter garde la même façon oblique et inimitable de traiter ses sujets. Il ne s’agit pas seulement d’une relecture analytique, mais de variations romanesques à l’érotisme cruel, trouble et inquiétant. Ce qu’Angela Carter met en scène, c’est l’acte même de lecture, la dérive onirique qui s’empare du lecteur qui déchiffre un récit avec ses attentes, ses fantasmes, l’ombre portée de ses désirs et désillusions, l’empreinte de sa vie.