Nos conversations du mercredi
Angelo, inscrit au collège en classe de 4 e , rend visite à son grand-père Arrigo tous les mercredis. Sa mère Charlotte, la fille d'Arrigo, est morte récemment d'une sale maladie. Angelo rêve de devenir informaticien et codeur, il veut travailler dans l'algorithme, dit-il. Il ne sera pas chirurgien comme son grand-père, ni médecin, c'est bien trop triste les gens malades et inquiets.
Angelo est bon en maths mais il craint de faire partie d'un groupe imaginaire, les « élèves décrocheurs ». « Dis-lui de dire oui à ce dont il a envie », avait soufflé Charlotte à son père, Arrigo. Angelo n'aime pas la littérature mais il avale quantité de bouquins - quand il n'est pas sur son ordinateur. Déviant la conversation, Arrigo raconte ce qu'il sait de l'histoire de sa famille paternelle. Un arrière-grand-père venu de Hongrie, émigré à Venise. Le père d'Arrigo s'appelait lui aussi Angelo. Pendant la guerre de 1914, trop grand pour les tranchées, il était pilote d'hydravions et chassait les sous-marins au large du port de Palerme. Personne n'avait questionné ce choix dû à sa grande taille. Angelo s'en étonne. Le grand-père et le petit-fils préparent leur voyage en Angleterre. À Londres, le meilleur moment pour Angelo, c'est sa rencontre avec Pete, un ami de son père, tous les deux musiciens de jazz. Pete lui coupe les cheveux - courts sur les côtés, fournis sur le haut du crâne - dans son salon de coiffure « We are Cuts ». À Cambridge, Angelo est déçu. Trop austères, les bâtiments, on se croirait au Moyen-Âge. Trop étrange, l'office du soir à la chapelle du King's College. Ils en arrivent à se poser mutuellement la question suivante : le Tartuffe de Molière, si on te confiait la mise en scène, tu en ferais quoi ? Qu'est-ce que tu ferais des personnages ? Tartuffe est-il le gros dégoûtant qu'on décrit d'ordinaire, ou bien a-t-il suffisamment de charme pour plaire à Elmire ? Quand ils parlent, Angelo s'installe habituellement sur le fauteuil, la tête en bas, si bien qu'Arrigo a l'impression de parler à ses pieds, déjà grands comme des barques.
Quand transmettre, quoi, comment ? Cette question universelle est-elle un devoir, une exigence, une éthique ? Arrigo Lessana choisit la vie, l'humour, la tendresse, pour qu'il n'y ait ni oubli ni inquiétude. Nombreux y trouveront un modèle.