Cinéma mental
Neuf nouvelles écrites et réécrites en vingt ans, "pour me tenir occupé et voir ce qui pouvait en sortir. Parce qu'en écrivant ou en lisant des histoires, on voit des paysages, on voit des figures, on entend des voix : on se fait tout un cinéma dans sa tête, et après on n'a plus besoin d'aller voir les films made in Hollywood." Ces nouvelles possèdent toutes le ton unique de Gianni Celati. Un homme veut devenir saint dans le désert, un autre se perd en poursuivant des voix, un garçon courtise sa mère, un mendiant prétend avoir parlé à Dieu, une femme parvient à mêler ses pensées à celles de son interlocuteur au téléphone. Et puis il y a l'histoire de la première fois où l'auteur a débarqué en Amérique, celle d'une célèbre mannequin et enfin le récit de Cevenini et Ridolfi qui se perdent en Afrique... Sur fond d'un nomadisme incessant, le parcours de Celati semble viser une sorte de condition mentale que Jean-Paul Curnier avait déjà décelé dans Aventures en Afrique : "[...] La narration nous rappelle le souvenir heureux de ces moments où nous nous abandonnons à nous-mêmes. Au fond, nous ne sommes pas étrangers au monde seulement par brèves intermittences, mais d'une manière si fulgurante qu'on en est l'otage, tout en ne désirant pas autre chose [...]"