Gueuille
Gueuille, premier roman de Pierre Bellefroid, est un roman-bouffe en vers libre, composé d'une succession de tableaux colorés, truculents, rythmés, sorte de ballet satirique et policier. Mac, roi-tyran qui a transformé son château d'ardoises en usine à paprika, vit au milieu d'une cour innombrable : il y a la Reine, les douze fils et filles dont l'aîné se nomme Gueuille, les ancêtres Rogatien et Rogatienne, des courtisans dont le plus actif porte le nom de Vande Vetgrentgrese. Il y a aussi les Fonctionnaires, les Policiers, et bien d'autres personnages. Mac est assassiné et on l'enterre. Qui a tué Mac ? Au milieu du désespoir des uns, de la joie des autres, le chef des Policiers mène l'enquête. Et l'on arrive à la conclusion que Gueuille, qui s'apprête à fêter son vingtième anniversaire, est l'assassin. Ce garçon à la fois étrange et attachant, cynique et tendre, exalté et malheureux, est arrêté, emprisonné, interrogé, condamné. Cependant un coup de théâtre se produit : le corps de Mac, enseveli en grand apparat, a disparu de sa tombe. On relâche Gueuille, on dresse la liste des suspects comprenant des centaines de milliers de noms. Gueuille est accueilli par sa famille en délire, par son peuple repentant qui organise en son honneur une manifestation monstre. Gueuille est donc innocent. Le Roi est mort, vive le Roi ! La vie va reprendre son cours telle une fantasmagorie douteuse et tragi-comique, quand survient un dernier événement pour le moins inattendu. Ce récit cocasse et magnifique par ses vertus d'écriture et son esprit révolutionnaire peut être comparé aux oeuvres des poètes dissidents dont Michel de Ghelderode est l'un des maîtres incontestés.