Fantômes du Japon
La cinquantaine d'histoires recueillies par Lafcadio Hearn (1850 - 1904) d'après le folklore oral ou de vieux livres révèlent un éventail thématique très ouvert. Contes de fées relevant du merveilleux classique, histoires d'ogres, âmes captives de formes animales ou prisonnières d'objets enchantés, vampires assoiffés de sang jeune, sorcières dont les maléfices survivent à leur mort, etc. Mais l'imaginaire japonais ne force pas seulement les portes de la mort. Il en trouve aussi celle de la naissance ou plus exactement de la réincarnation. Avec ce thème ignoré du folklore occidental s'affirme la coloration religieuse qui caractérise le fantastique japonais. Ces réincarnations, à l'apparence de métamorphoses, laissent à leurs victimes un espoir immense, à échelle de l'infini dans lequel elles se perdent. Rien n'est définitif, tout peut recommencer, le temps et les vies qu'il contient ne sont qu'un cercle sans commencement ni fin. Un sentiment de tragique inséparable de l'espoir, telle est la morale que Lafcadio Hearn invite le lecteur à tirer. Comme il l'avait tirée lui-même en trouvant au Japon l'apaisement qui termina sa vie douloureuse.