Tous les bateaux
En 1935, Rob, jeune néerlandais, quitte son pays pour l'Afrique du Sud sans perspective de retour. Il espère échapper ainsi à l'étroitesse de la vie bourgeoise et devenir l'aventurier qu'il a toujours voulu être.
A Durban, il travaille d'abord dans une mine d'or mais se lasse vite du quotidien. Il part alors se battre dans les Indes néerlandaises contre l'invasion japonaise. Fait prisonnier, il se retrouve dans un camp à Bandung où il fait la connaissance de Guus.
Entre eux naît une amitié très forte. Alors qu'ils sont emmenés de Singapour à Nagasaki, leur bateau est torpillé par les Américains. Les deux amis se jettent à la mer et Gus disparaît sans laisser de traces. L'absence de Guus occupe désormais toutes les pensées de Rob : sa disparition marque le début d'une longue introspection.
La personnalité de Guus, si différente de la sienne, le fait réfléchir et s'interroger sur le sens de sa vie...
Ce très beau roman sur l'amitié, la famille, la quête de soi permet de partager les interrogations de Rob, sorte de Werther moderne en prise avec ses doutes, ses ambitions. En filigrane se dessine l'ombre fantomatique de Guus, l'absent, qui l'a tellement transformé. La perte de l'ami lui fait prendre conscience de ses aspirations, de sa volonté de se détacher de son milieu social et familial et de se tourner enfin vers autre chose.
De l'amitié est un roman de la quête de soi, un roman d'initiation aux descriptions pointillistes qui se tient éloigné de l'action grandiloquente pour se consacrer à l'évocation toute en demi-teinte d'une vie intérieure mouvementée. Un livre doux et puissant à l'écriture rythmée et musicale, qui permet d'effleurer par petites touches l'essentiel : l'essence d'une amitié qui transcende la mort et l'absence. Une narration subtile qui renoue avec la tradition du roman psychologique. Une voix légère et poétique qui résonne longtemps.