La République des bons sentiments

Auteur : Michel Maffesoli
Editeur : Editions du Rocher

Si l'intelligentsia contemporaine est l'héritière directe de la Modernité philosophique, que peut-on dire de la représentation de la vie qu'elle véhicule ? Quelle vision du monde nous propose la « Pensée officielle » ?

Pour Michel Maffesoli, éminent représentant du postmodernisme contemporain, nous sommes aujourd'hui dans un climat de rupture et de métamorphose, une inversion des valeurs nietzschéennes. Cette transvaluation se fait contre la Pensée Officielle, cette intelligentsia qui se veut la matrice de ce qui doit être et de ce qu'il faut penser. C'est elle que Maffesoli se propose de critiquer dans La République des bons sentiments, titre déjà lourd de sens. Ce n'est pas sans ironie que Maffesoli qualifie la Pensée Officielle de « pensée hamburger » ou de « BHV des idées ».

La Pensée Officielle est incarnée par ceux qui veulent avoir réponse à tout et porter la responsabilité universelle. Il s'agit des élites intellectuelles et politiques, de la censure universitaire, de l'armée de « bigots » politique, scientifique, de la République et de l'objectivité, obnubilés par le savoir et la soif de pouvoir : tous sont en déconnexion avec les choses de la vie. Auraient-ils oublié la parole de Goethe dans Faust, selon laquelle « grise est la connaissance, vert l'arbre d'or de la vie ». Car c'est bien l'amour de la vie, l'amor mundi qui est remis en cause par l'intelligentsia. Derrière l'érudition et la bien-pensance, se cache un véritable nihilisme, une haine de la vie. La Pensée Officielle peut se traduire en un mot : NON. Le « non » nihiliste des derniers hommes du Zarathoustra de Nietzsche.

Pourquoi ce nihilisme de la Pensée Officielle ?

L'histoire de la philosophie apporte une réponse. Les idées qui caractérisent le tournant moderne en sont à l'origine : il s'agit pour la pensée de prendre son indépendance par rapport au réel. Si le Cogito de Descartes postule qu'il faut être pour penser, la preuve du réel se fonde sur le sujet pensant, sur « la chose qui pense » des Méditations métaphysiques. La réalité est alors effrayante, car elle se trouve bien souvent en rupture avec ce qui doit être. La vie fait alors peur, car la pensée ne la maîtrise pas. La Pensée Officielle érige alors le Mundus est immundus augustinien en principe.

De sorte que l'intelligentsia se complaît dans une morale rassurante. En un mot comme en cent, la Pensée Officielle, c'est La conjuration des imbéciles. Jonathan Swift en son temps le savait bien : « Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ».

Maffesoli ne se satisfait pas d'un simple pamphlet. Il appelle à un engagement pour la pensée véritable. Celle-ci exige que l'on prenne des risques : oser faire l'Exégèse des lieux communs de la Pensée officielle, afin de la vider de sa « moraline ». L'enjeu est donc le suivant : dire OUI à la vie. Telle est la « révolution copernicienne » à opérer dans l'inconscient collectif. Soyons donc les peintres de notre temps, les pirates de la pensée.
Ce livre est avant tout un hommage à la vie, à la joie, à l'émotion, à l'érotisme, parcouru de références aux philosophes, poètes, écrivains et artistes ( Spinoza, Nietzsche, Bloy, John Kennedy Tool, Musil, etc.) qui forcent à penser.

15,30 €
Parution : Mai 2008
138 pages
ISBN : 978-2-2680-6487-1
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